Au départ de notre activité, nous avions pour objectif de compléter le travail des exploitants forestiers en récoltant les branches après leur passage. Ce fonctionnement permettait à chaque partie (propriétaire, exploitant et nous-mêmes) de trouver un avantage à l’enlèvement d’une partie des branches notamment pour la propreté du chantier, la facilité de replantation et pour la production des huiles essentielles. Mais plusieurs éléments sont venus modifier cette organisation :
- en effet, 1999, l’année de création d’Abiessence a été marquée par la tempête qui a endommagé une importante partie des forêts locales. Cet évènement a créé une très forte demande de nettoyage des parcelles sinistrées. Les exploitants forestiers étaient alors submergés de travail et ne pouvaient pas assurer l’ensemble des chantiers se concentrant de fait sur les parcelles les plus accessibles et les plus rentables.
- de plus, nous avions déjà des demandes pour des parcelles particulières même avant la tempête. En effet, certains propriétaires et agriculteurs souhaitaient faire nettoyer des terrains ou des pâtures envahis par des arbres de faible qualité, notamment en altitude, cassés à plusieurs reprises par la neige et donc de forme très singulières et surtout très branchus. Cette dernière particularité rendait donc ces bois inintéressants pour l’exploitation classique car non rentable en termes de rendement. Cette demande s’est accentuée avec la tempête. Ces deux facteurs nous ont donc conduits à approfondir notre réflexion et surtout nous ont permis de trouver naturellement notre place au niveau de la sylviculture locale. Nous devions devenir autonomes et gérer l’ensemble des chantiers : abattage, rangement des branches, débardage ; ceci en restant un maillon complémentaire de l’exploitation forestière.
Nous avons débuté avec un tracteur Zetor, une simple chaîne pour accrocher les arbres et une petite remorque pour transporter les branches. Ce tracteur avait une sérieuse polyvalence entraînant du même coup notre premier broyeur. Nous avons pu vérifier au passage l’adage : « Zetor ça se tord, ça se détord et ça repart encore », notre tracteur ayant eu quelques mésaventures au départ de son utilisation. Au fil du temps, de notre réflexion et du développement de notre activité, nous avons fait évoluer le matériel passant à un tracteur Someca équipé d’un treuil (lui aussi bénéficiant d’une solide réputation et toujours en activité chez un autre propriétaire) puis à un véritable débusqueur John Deere 540 (pour les connaisseurs et passionnés). Cette dernière étape a été marquée par l’arrivée dans l’entreprise des premiers salariés de l’activité bois.
Une dernière évolution a eu lieu au niveau du matériel. En effet, depuis le départ de notre travail en forêt, nous considérions que la meilleure façon de travailler serait d’avoir pour le bûcheron « une sorte de main géante » pour l’aider à déplacer les bois et surtout les branches rangées après l’abattage de chaque arbre de façon à faire place nette avant le suivant.
Certains constructeurs notamment allemands ont su faire évoluer les tracteurs forestiers selon cette réflexion en ajoutant sur certains modèles des grues de forte capacité. Le tracteur idéal était donc trouvé. Une de nos peurs et celle des observateurs était le fait d’un matériel imposant pour avoir une certaine stabilité. Les dégâts engendrés par le passage de ce type de tracteur nous inquiétaient. Mais après de nombreuses demandes auprès d’utilisateurs allemands et des visites de chantiers nous avons finalement compris que l’utilisation réfléchie et modérée de ce débusqueur allait au contraire de nos inquiétudes. En effet, une grue évite les nombreuses manœuvres sur les dépôts et dans les parcelles et donc diminue les passages et les dégâts. De plus, l’équilibre des charges sur les essieux et les pneus larges diminuent fortement la pression au sol.
Nous avons donc réussi à mettre en place, le principe d’exploitation écologique que nous poursuivions avec du matériel adapté, utilisant de plus de l’huile hydraulique biodégradable et surtout polyvalent permettant de répondre à l’ensemble des demandes.
Le débusqueur NOE NF 160 en quatre roues a vocation à sortir les plus gros bois ainsi que les bois en longueur grâce à son imposant gabarit (15 tonnes, 6 mètres de long et 2,65 mètres de large). Il est équipé d’une grue et d’un double treuil.
Dernièrement, la société s’est équipée dans le petit matériel afin d’élargir ses chantiers tout en diminuant le tassement des sols. Ces nouveaux investissements permettent de réaliser des chantiers jusqu’alors inaccessibles par des engins conventionnels. Ils présentent également l’avantage de maintenir l’activité forestière en hiver. Ces deux débusqueurs sont parfaitement adaptés aux massifs forestiers sur lesquels l’entreprise à l’habitude de travailler et complètent parfaitement le débusqueur NOE.
Le porteur forestier NOVOTNY LVS 520 convient essentiellement pour le débusquage de petit et moyen bois. Sa petite taille (7 mètres de long et 2,10 mètres de large) est idéale pour la réalisation d’éclaircies ou de chantiers mal desservis (ce qui est très fréquent dans le Forez). Equipé de 8 roues motrices pour un poids à vide de 7 tonnes, cet engin fait très peu de dégâts sur les sols forestiers.
Le tracteur forestier à câble LATIL Hittner Ecotrac 140 V dispose lui aussi de mensurations réduites (2,10 mètres de large pour 8 tonnes). Il permet également de débarder de petit et moyen bois à la différence que les grumes sont sorties à l’aide d’un double treuil au lieu de la grue. Ceci implique de tirer un câble jusqu’aux arbres. En contrepartie, ce système permet de moins tasser les sols tout en assurant la régénération des arbres (le frottement du bois sur le sol racle l’épaisse couche d’humus et remue la terre en surface ce qui facilite l’implantation des graines).
La mini-pelle de 5 tonnes permet à l’entreprise de s’ouvrir à d’autres chantiers forestiers jusqu’à présent inaccessibles. Cet engin est utile pour élargir certains chemins mais aussi pour créer de nouveaux accès (par exemple en cas de forte pente). Malgré les renouvellements des tracteurs par des engins qui préservent mieux les sols, il peut arriver parfois que nous abimions encore les chemins (répétition des passages, cause d’aléas climatiques). La mini-pelle permet donc de remettre en état les chemins plus facilement et d’améliorer la qualité du travail.